"Suite Aquatique n° 1" JCG - Texte de Leafar IZEN
"Suite Aquatique n° 2" JCG - Texte de Nicole HARDOUIN

C’est un espace à polliniser où les rêves plantent des banderilles dans les songes, déchirent leurs ronces et affolent les échos. C’est une aquarelle pour entrer dans une chapelle de lumière et de silence.
Les branches, en quête de chaleur, prennent le vertige du vent, la terre pointe ses yeux de tourbe, l’horizon troue les ténèbres pour dessiner les plissés des couleurs engourdies, calligraphie de liturgies secrètes.
Archet des fantasmes, en crescendo, le pinceau irrigue des imaginaires rouges, bleus, baisers légers comme la brise, serments, sarments en robe de campanules.
Entre la fragilité des arbres dressés, la nostalgie fait du patin à roulettes contre les couleurs en gésine.
L’œil, au pays des vergers de nuages, s’abreuve au bûcher de mémoire qui grésille encore de lueurs aux reflets de promesses contre les vantaux de souvenirs, halte pour écailler les nuits à venir.
Entre les reflets tissés de brume, les mirages transpirent, l’hiver s’est pendu au premier rayon de bleu, l’aube, étonnée se retourne sur les premières pousses, la sève frémit dans des lianes de lumière.
D’étranges portes s’ouvrent sur le seuil du feu, naissent des éclairs qui sentent la chair et le désir de l’humus. Les rêves s’enfuient jusqu’au vertige des grands vents, assise des aquarelles, asile de l’imaginaire.
Il est temps de parler aux bourgeons, à perte de sens, dessinez-moi le printemps.
Nicole HARDOUIN
https://nicolehardouin.weebly.com
"Suite Aquatique n° 3" et texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

Dès le premier regard, le cœur se met en alerte ! C'est qu'il y a péril ici. On est en eaux profondes, tout le laisse deviner : plus de verticale, seules des horizontales parallèles et des formes toutes semblables que l'on prend pour des ballots cylindriques échappés d'un cargo de marchandise naufragé. Des ballots colorés, ficelés. Que contiennent-ils ? Des armes, de la drogue ?
Nous interroge la couleur noire et buissonneuse du fond ; on pense à un lieu raturé, un brouillon volontaire, impossible à identifier avec précision, un lieu plein de négation, un lieu sombre où viennent crever en silence, des évidences.
Pas de ''suite musicale'', seul le bruit de l'océan, dans l'étau du grand large, très loin des côtes. Ni les Alizés, ni les Quarantièmes rugissants. Seule la houle indifférente, telle un requiem de fortune …Pas un oiseau !
Une crypte antique, d'Egypte ou d'ailleurs, immense... Aurait-elle été envahie par les eaux du fleuve qui auraient embarqué les corps dans leurs linceuls d'espoir ?
Sont-ils sur le Styx ? Ils glissent là, devant nos rêves d'humanisme avortés. Ils se suivent par strates, illustrant l'empilement des siècles, illustrant aussi la volonté de relégation de dossiers anciens encombrants, classés sans suite et mis à l'eau dans la nuit ; une noire nuit des consciences, une nuit sans lune comme lorsqu'on noie son chien, son chat pour se libérer des devoirs d'assistance...
On pense aussi aux rouleaux disparus de la Mer Morte, à toute une civilisation longtemps jugée caduque. Des rouleaux qui sont réapparus, sans qu'un iota de la vérité ait été touché.
Ceux qui disparaissent sous nos yeux baissés, ne nous regardent-ils pas pour toujours droit dans les yeux du cœur ?
Dans cette œuvre de témoignage, on pourrait se contenter d'un jugement artistique, on peut alors fixer des yeux l'insoutenable, juger de l'équilibre des forces, des couleurs, de l'écriture nerveuse... Mais ici, Seul compte le message : cette vague de fond qui refera toujours surface pour révéler les limites scandaleusement étroites de l'humanisme.
Bien sûr, on peut imaginer aussi une descente en canoé, de nuit, d'un peuple ''aquatique'' heureux qui rejoint les terres de ses ancêtres. Une promenade de santé pour tous, en somme !
Jeanne CHAMPEL GRENIER
Suite Aquatique n° 6 JCG - Texte de Anne GARY RECK

Prête-moi ta plume
Pour écrire le chant de l’Eau
Mon Ami l’Oiseau
Anne GARY RECK
http://www.jeannechampelgrenier.com/pages/liens/anne-gary-creatrice-de-ce-site.html
"Suite Aquatique n° 7" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

Oratorio de l'Ailleurs
et des grands fonds
Epousailles marines
Primitive entente
des cordes et des cuivres
Valse lente à corps perdus
entre abîmes et abysses
et puis silence...
Hymen effiloché
de brumes originelles
Un rien de doux
Un rien d'écume
Et la douceur du sable
enfoui, balayé de houle
sentimentale
en mémoire de densité
de profondeur
Dernier regard de langueur :
une barrière de roc noir
comme un long sourcil fardé
de millions d'années
tissées d'algues filantes
caresse un fond d'œil
de lapis lazuli
Le courant passe
rien ne l'arrête
Genèse des fluides
éternels
« Tu t'appelleras
Eaux céant ! »
Jeanne CHAMPEL GRENIER
"Suite Aquatique n° 8" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

OFFRANDE NOCTURNE
Contrée
silence
Obscurité
Démarche lente
ou envolée
Douceur ailée
Profil de F-Ames
qui se suivent
ou chœur de flammes
qui dérivent
Apesanteur
Lueurs diffuses
et bruits de soie
Temps qui infuse
Cocons peignés
tresses fleuries
des chevelures
Panathénées
de poésie
quelle est l'offrande
céleste et pure
qui vous agit ?
Temple sacré
de la Nature
De quel sommeil
Déesse obscure
naît le réveil
qui nous rassure ?
Jeanne CHAMPEL GRENIER
"Suite Aquatique n° 9" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

PARTITION INACHEVÉE
Un violon traversait
Un pays de cristal
Au-dessus de la neige
Et des peurs orphelines
Puis s'en allait glisser
Sur la plage des nuits
Sans buter
Sans rebonds
Sans se désaccorder
Descendu
Doucement
Au pays
D’harmonie
Tout le corps
Enfoncé
Dans un désert
D’étoiles
Ne demeure de lui
Qu’un espace qui luit
Ses courbes qu'on caresse
La ligne de l'archet
Partition de tendresse
En allée sans un bruit
Vers l'Ailleurs de musique
Au visage penché
Jeanne CHAMPEL GRENIER
Suite Aquatique n° 11 JCG - Texte de Robin GRENIER

REGARD VIF
Il a dit :
" On dirait un tapis,
Une feuille de musique
sur l'eau
Soleil du soir
Amazonie
Des maisons de paille
sur pilotis
Plein d’horizons
Et plein de coins pour plonger !
Et des roseaux...
Des pirogues aussi... "
Robin GRENIER
16 ans
"Suite Aquatique n° 15" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

SYMPHONIE MARINE
L'infini m'échappera toujours
mais il est mon espace choisi
car il demeure ouvert
sans aucun sens imposé de la visite
Il laisse agir le vent sidéral
les vents terrestres, les vents lunaires
et ceux qui emportent
les âmes éprises d'Ailleurs
Ceux qui soulèvent les mers
avec ce frisson d'échine
qui parcourt l'immensité
Ceux qui ouvrent aussi les écailles
et les ouïes des océans,
ceux qui convoient puissamment
les lourds ventres de nacre des poissons
frayant dans la profondeur des ombrières
semant l'avenir au creux des sables
vers les cascades d'or fané
où roule l'ambre des forêts
À la fois berceau et cercueil
de lumières éphémères
Ainsi court et glisse toujours
Sans bord et sans limite
l'immense mante de soie bleue
qui émue, parfois rosit un peu
protégeant la voix bien orchestrée
des océans, des mers et des lagunes
que bercent les marées de lune
Un signe, au loin, un double bécarre
pour rétablir la partition originelle,
harmonie devenue souvent inaudible
par le fracas terrible et futile des hommes .
Orgues antiques, où est donc votre signature
Brassée, balayée par les vents et les flots
Je la rencontre parfois cristallisée au dos
de l'oreille de nacre d'un ormeau
Jeanne CHAMPEL GRENIER
Suite Aquatique n° 16 JCG - Texte de Lou RECK

Mon ami, Mon Amour,
Emmitouflée dans tes bras,
Mon regard ensorcelé par le tien,
Je médite, je me demande si notre amour durera toujours
Tu lis dans mes yeux et me réponds par ton sourire insouciant
Je regarde autour de nous,
Personne...
... Seulement nos deux ombres amoureuses
Et L’écume se jetant sur le sable
Au rythme de nos battements de cœur
Lou RECK
14 ans
"Suite Aquatique n° 17" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

AVENEMENT FURTIF
Nul ne sait si l'instant se situe juste avant
ou juste après la naissance des premières fleurs
C'est une idée de jardin libre, à naître
encore floue, à peine balbutiée
sur fond de ciel précipité instable
caillots d'un bleu qui s'adoucit peu à peu
de turquoise très clair
en s'approchant du sol
où dansent une ou deux corolles
d'un rose pâle natif hésitant
visages de fleurs ou bien d'enfants
L'idée court dans l'herbe au premier plan
C'est du mystère en brouillon
Ecriture sauvage
Ligne de vie florale et fugitive
qui danse et chevauche, légère
pavoisée d'éclaboussures de pluie
et de rires du soleil
Jeanne CHAMPEL GRENIER
Suite Aquatique n° 18 JCG - Texte de Mich' Elle GRENIER

Que la nuit reste bleue
Tout le monde ne peut chanter
Mais tu fais chanter tes pinceaux,
Feux follets échevelés de comètes.
Déboussolé dans ta quête,
Tu peins le village enraciné,
Les toits pointus des cyprès,
Ton vertige devant l’étoile.
Ô ! Que danse l’éternité
Dans la nuit étoilée.
Eclat sombre d’un nocturne
Au noir fondant velouté,
Hululement taciturne
Bruissement des taillis
Tu peins le giron de la nuit.
Il te plaît d’éclairer la nuit
De ton œil sans sommeil.
La ténèbre est une toile
Au beau fouillis des claires étoiles.
Et tu veilles, ne trouvant nul repos
Si ce n’est de peindre
Encrer le bleu dans ton âme éprise.
Tu peins la nuit intensément bleue
Bleu mystérieux des songes.
Dans un noir si bleu
L’on mourrait sans regret,
Ô juste le temps d’un vœu :
Que la nuit reste bleue.
Mich’ Elle GRENIER
www.poémienne.fr
"Suite Aquatique n° 19" JCG - Texte de Margot RECK

LE BALAYEUR DE NUIT
Le balayeur dans sa combi
balaye nos histoires quand il fait nuit.
Il ramasse sans le savoir des petits bouts de vies,
des lettres d’amour, des mouchoirs, des cœurs en boule
et des boules au ventre
il balaye ton poème,
une p’tite boule de papier froissée,
tout le monde s’en fichait.
Il balaye des dessins d’enfants
qui sans doute n’ont pas eu de parents.
Il balaye un billet perdu,
sans doute un pourboire de la vie.
Il balaye des pétales en été
et des feuilles mortes en hiver,
Il assiste à la vie, il balaye la mort...
.... le balayeur de nuit.
Margot RECK
18 ans
"Suite Aquatique n° 22" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

AQUATIQUE N° 22
C'est comme un sommeil
douceur de paupière
et le sable glisse
jusqu'au bord de l'eau
C'est comme un sommeil
jusqu'au bout des larmes
la lune est noyée
la mort me désarme
L'horizon s'efface
rien n'est plus pareil
ni l'eau ni le ciel
je cherche ta trace
Jeanne CHAMPEL GRENIER
"Suite Aquatique n° 24" JCG - Texte de Michel LAGRANGE

À JEAN-SÉBASTIEN BACH
J'ai pris le Bach et suis allé,
Jean-Sébastien, loin de ma peine...
La nuit longtemps contemporaine
A laissé le ciel s'étoiler.
Par le charme d'un concerto,
Notre vie refait son bonheur.
Femme, je joue en ton honneur
Et l'andante et l'allegretto.
Nos corps écrivent pour l'amour
Leur mélodie en ciel majeur,
Et l'enthousiasme de nos cœurs
Est un hymne pour chaque jour.
Nous avons douze mois d'été
Et des rimes pour l'arc-en-ciel,
Et des regards couleur de miel
À changer la réalité.
Un Paradis ouvre ses portes,
Il n'est que temps de profiter.
Ce peut être une éternité
Qu'une cantate nous apporte.
Michel LAGRANGE
Lauréat de l'Académie Française
http://www.jeannechampelgrenier.com/pages/liens/michel-lagrange.html
"Suite Aquatique n° 25" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

QUELLE AUBE ÉTAIT-CE ?
Te souviens-tu ?
un train filait
traçait un trait
horizontal
dans le lointain
si pâle
un train de silence
de rencontre
et de séparation
joies minutées
douleurs éparses...
Une brume
insensible et douce
s'étirait entre les doigts des arbres
des peupliers endormis d'oiseaux
par le chant intérieur
de la fileuse
susurrant la sève des jours
Un soleil
maquillait l'aube
de son regard
le temps passait sous l'arche des ponts
semant les souvenirs des sources en amont
Quelle aube était-ce ?
Te souviens-tu ?
Jeanne CHAMPEL GRENIER
"Suite Aquatique n° 28" JCG - Texte de Mich’ Elle GRENIER

Passerelle
Quand Novembre fait deuil
De ses feuilles d’érable
Que sous les rafales le merle transi
N’a plus envie de siffler
Quand l’anémone prend
Des pâleurs d’ennui
Alors je sais que c’en est fini
Des rires sous la treille
À trinquer l’amitié.
Mais le rosier grimpant se cramponne
Offrant une dernière rose.
Une rose qui a pétales givrés
Et dans la conque de son oreille
Un parfum indicible que le vent a pillé.
Et mes pas tracent un sentier de biche
Où les feuilles derviche
Frissonnent un vers de Verlaine.
Et dans les rimes magiciennes,
Je puise la force de franchir la passerelle
Là-bas où les roseaux drus me font signe
Vers la pâle promesse d’une promenade
Arrachée de pied ferme au soleil de l’hiver.
Mich’ Elle GRENIER
www.poémienne.fr
"Suite Aquatique N° 30" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

Dans les jardins
de l'Alhambra
écrin de silence
et de soie
on croise parfois
le bonheur
Fleurs d'orangers
et citronniers
jasmins dahlias
font sur l'eau comme
une rosée
douce et racée
Balenciaga
Jeanne CHAMPEL GRENIER
"Suite Aquatique n° 36" JCG - Texte de Eloise VINOT

Seule
Dans l'obscurité
elle peine
à se faire voir
pourtant
elle attend
que notre regard
la laisse grandir
pour illuminer
nos profondeurs
Lueur d'espoir
Éloïse VINOT
20 ans
"Suite Aquatique n° 37" JCG - Texte de Leafar IZEN

Rivière, tu chutes ton chemin qui va
Du ciel à la terre
Le mien te croise à contre-courant
Leafar IZEN
http://www.leafar-izen.com/
Suite Aquatique n° 38 JCG - Texte de Joseph BRODSKY

AQUA ALTA
L'œil acquiert dans cette ville, une autonomie comparable à celle d'une larme.
La seule différence est qu'il ne se détache pas du corps mais le soumet tout entier....
Les soirs d'hiver, la mer gonfle par un vent d'Est contraire,
remplit à ras bord les canaux et parfois les fait déborder...
On entend des bruits de chevaux au galop...
On marche alors sur l'eau et les vodrosly*.
* (algues en russe)
Joseph BRODSKY
"Goéland" JCG - Texte de Louis DELORME

OISEAU-POÈTE, POÈTE-OISEAU ?
Ils peuvent avoir tellement d’affinités.
L'oiseau-poète, élancé vers le ciel,
Je veux lui confier notre étoile ;
Il nous ramènera l'espoir
Que je devine dans la toile.
Il nous dira des mots de miel
Qui nous feront mettre à la voile,
Bien loin de ces rivages noirs
Qui nous glacent jusqu’à la moelle.
Je veux entrer dans la peinture,
Y retrouver la source pure
D’où naîtra ce monde nouveau
Qui fera, jusqu’au souvenir,
Disparaître de nos cerveaux
Ces guerres à n’en plus finir.
Louis DELORME
Commandeur des Palmes Académiques
http://brontosaure.wix.com/aupieddusuc
"Envol" JCG - Texte de Leafar IZEN

"Arbres qui coulent" JCG - Texte de Anne GARY RECK

L'Arbre qui coule
Je suis l’arbre qui coule.
J’ai coulé des jours heureux
le long des rives
d’un long fleuve,
tranquille.
À présent, je m’en vais
je suis oiseau, je roucoule,
la roue tourne et je coule,
je coule je vole, l’ailleurs est là
course folle, je l’entrevois
et je roule sur le roulis des flots
et je coule sur le coulis de l’eau...
Je vous ai aimés, droit dans mes racines,
Je vous ai aimés, la tête dans les nuages,
J’aime vos amours cachés,
vos initiales gravées
Chut ! j’emporte avec moi vos secrets
et vos rires d’enfants aussi.
Je vous laisse ma Force,
Mes couleurs, mes saisons,
Mes carrés de ciel bleu
Je voyage léger, je suis l’arbre au long cours,
Allez ! il est temps,
Je me coule déjà dans l’au-delà
tandis que je me berce de l’eau d’ici
Je suis parti, je suis partout.
Je suis l’arbre qui foule des jours nouveaux
Bien loin d’ici ; tout près de vous
Anne GARY RECK
http://www.jeannechampelgrenier.com/pages/liens/anne-gary-creatrice-de-ce-site.html
"L'oiseau intime" JCG - Texte de Michel LAGRANGE

L’OISEAU
Il prend son vol
Il s’offre à l’altitude
Hors de portée de l’espace et du temps communs
Quitter le sol lui garantit qu’il fait partie du ciel
Et que son poids de corps
Va se confondre
Avec le vent
Bientôt
Il s’érige en beauté
Qui ne dépend pas de nos pesanteurs
La réussite d’un oiseau
C’est de viser la transparence
Et de lui ressembler
Qu’importe que son nid
Ne signifie plus rien
Il vole vers un autre ciel
Et se déploie en liberté plénière
Exil palpitation génie
Médaille au ralenti sur l’épaule aérienne
Au sol déjà l’oubli de l’ombre
Entre la nuit pesante
Et l’aube qui l’accueille
Il est heureux comme un éclair
Sculptant sa signature
Au-dessus de nos villes
Il ne saurait aller plus loin
Que l’harmonie de l’aile et du silence
Au sommet de son vol planeur
Le génie de l’oiseau
Contient tous les oiseaux
Michel LAGRANGE
Lauréat de l’Académie Française
http://www.jeannechampelgrenier.com/pages/liens/michel-lagrange.htm
"Ablutions" JCG - Texte de Claude LUEZIOR

à portée de sourire
des doigts furtivement joints
en forme de prière
L'Inde signe cent mille dieux
par ce geste de cire
pour honorer l'autre
de sa simple présence
çà et là, une infinie langueur
d'êtres en pleine réincarnation
et le temps qui étire
ses aubes sans heure
plus loin, le brouhaha épicé
d'une crémation qu'allume
une robe safran
et le Gange qui lèche
ses cendres humaines....
Extrait « D'un seul geste »
Claude LUEZIOR
Lauréat de l’Académie Française
http://claudeluezior.weebly.com
"Vent de Fleurs" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

SA VOIX
Il y avait tant de voyelles
dans ses mots
Tant de musique
de ruisseau
Que sa voix je l'entends encore
Un peu de vent dans les roseaux
Ou bien la fonte de la neige
Un peu de cristal, beaucoup d'or
Sur la blanche ogive des mains
Caressant la paix des oiseaux
Il y avait tant de voyelles
dans ses mots
Tant de musique
de ruisseau
Elle est partie dans son sommeil
Elle est partie, tout tombe à l'eau
Il pleut des roses sur son tombeau
Et depuis lors, j'ai dans la voix
Lorsque parfois je parle d'elle
Comme un sanglot de tourterelle
Plus aucun son, plus de voyelles
Plus aucun mot
Pour parler d'elle
Juste les larmes
Habituelles
Et les sanglots
Jeanne CHAMPEL GRENIER
"Spring" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

SPRING
Spring ?
Frühling ?
Primavera ?
Printemps !
Quel mot magique !
Le monde entier
l’a sur le bout de la langue
Un air nouveau
plus nouveau qu'il n'en a l'air
emplit l'espace de syrinx
L'envol des oiseaux
est dans ses cordes
La belle étoile
se fait plus belle
Le soleil artistique
les cuivres des boutons d'or
les yeux du ciel sont roucouleux
remplis de pluie et d'arcs en ciel
et pour une ronde nappe offerte
chargée de fleurs en pure perte
il met tout le monde au vert
sans qu'on le veuille
cherchant des trèfles
à quatre feuilles
Spring ?
Frühling ?
Primavera ?
Printemps !
Quel mot magique !
Jeanne CHAMPEL GRENIER
"Torrent" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

TORRENT ARDÉCHOIS
Depuis le bas de la vallée
on l'entendait...
Grondement d'ours qui hivernait
ou bien lionne des cavernes ?
Échos de chutes
branches cassées
Éboulements
suivis de plages
de silence
Surplomb de buse
ciblant les lieux
Dans les nuages
un cri perçant
et puis deux longs éclairs d'orage
décrochaient tout le tremblement
précipitant l'eau retenue
comme graviers criblant la rue
Il arrivait, fumant, furieux,
et déboulait des grès à vif
Pliant les rives de genêts
fougères sèches, pieds d'arbousiers
Ce vieux torrent du temps des runes
et des sacrifices à la lune
coulait à sang, ruait, hurlait,
à noyer sentes et fossés
d'argile rouge de colère
Il dévalait crinière en feu
sous un grand ciel de châtaigniers
et vous ravinait la journée
depuis la tête jusqu'aux pieds
Ô quelle ivresse existentielle !
Depuis le bas de la vallée
on l'entendait...
Jeanne CHAMPEL GRENIER
"Jardin bleu" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

JARDIN BLEU
J'écris pour toi ce jardin bleu
pour le repos de l'Au-delà
afin que tu puisses y cueillir
les fruits qui mûrissent au creux
des arbres ne sachant mourir
J'ai dessiné des blancs chemins
touchés par l'aile du matin
et quelques cailloux d'ambre gris
reflétant la douceur des nuits
J'ai répandu lavande et thym
au pied des petits orangers
qui ont les bras chargés de fleurs
pour les douceurs de cet Ailleurs
si tendre qu'on n'en revient pas
J'écris pour toi ce jardin bleu
avec sa source au coin des buis
et ses grillons, ses papillons
et tout ce calme réjoui
qui te rappelle un peu à moi
aux branches douces de la nuit
J'ai composé un jardin zen
il n'y a rien de tout cela
Juste un carré et une croix
mais je le sais, tu lis en moi
ton esprit me suit pas à pas
et tu souris, dis que tu m'aimes
quand je respire ce lilas
dont le parfum n'existe pas
Jeanne CHAMPEL GRENIER
"Goéland" JCG - Texte de Patrick DEVAUX

ENVOL
Cil
de ciel
ou aile
d’ange
Qu’importe
le vol
pourvu que
l'ivraie
du bleu
suggère
le mascara
d’encre
d’une poète
étoilée
à
la Cour
des dieux
Patrick DEVAUX
"Bord de rivière" JCG - Texte de Lou RECK

J’ai navigué sur l’eau
je ne trouvais pas la rive.
Tu m’as donné le chemin,
je ne t’ai pas écouté.
J’ai préféré me noyer
par fierté.
Après des années,
j’ai trouvé ma destinée,
la rive que tu m’avais indiquée...
Malheureusement dans ce brouillard,
j’ai perdu ta main.
Lou RECK
14 ans
"Chutes" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

AQUATIQUES - CHUTES
Là-haut la cascade
surgit d'un rocher
revêtu de mousses
d'écorce et de lianes
Parfois la lumière
l'accompagne un peu
juste pour l'aider
à s'y retrouver
La végétation
s'alanguit dans l'eau
une vapeur bleue
monte des roseaux
Les mots sont taiseux
On oublie le jour
quand la nuit revêt
ses dessous de soie
Jeanne CHAMPEL GRENIER
"Fonte" et Texte de Jeanne CHAMPEL GRENIER

BANQUISE FRATERNELLE
Imagine que soudain un peu de chaleur
Venue de l'être intérieur
Libère les cloisons glaciales du cœur
Alors le désarroi humain
Deviendrait peut-être habitable
Jeanne CHAMPEL GRENIER
Commentaires
-
- 1. Anne Le 05/01/2022
Critique de Louis DELORME - Revue Florilège N.173
« Suite », ce mot est bien choisi .« Aquatique » parce que le thème le plus présent est l'eau. L'eau en mouvement. Chaque aquarelle est accompagnée d'un poème. Quelle riche et belle idée que de marier l'image avec les mots ! Sur les 34 tableaux de son exposition, Jeanne a écrit elle-même une quinzaine de poèmes et a fait appel à des amis ou membres de sa famille pour illustrer ces aquarelles grand format ( 65/80). le résultat est étonnant. Toutes les peintures de Jeanne permettent à l'imagination de s'affranchir, pour mieux vagabonder et broder au retour. Sa manière se rattache à l'abstraction lyrique pour une partie de sa création, à la peinture gestuelle d'un Hans Hartung, mais un Hartung qui éclaterait en couleurs, une autre au Symbolisme onirique d'un Gustave Moreau ou Odilon Redon ; une troisième nous propose des paysages extrêmement parlants, par l'atmosphère qui s'en dégage, quasi envoûtants. Mais toujours, dans chacun des cas, avec une forte personnalité.
Ces trente quatre créations ( peinture et écriture), mériteraient qu'on s'attarde sur chacune d'elles. Mais je reviens au mot « Suite » : il y a de la musique dans la peinture de Jeanne, une musique qui jaillit du rythme, du mouvement qu'elle donne à ses compositions. Et les mots ne sont pas en reste que ce soient les siens ou ceux de ses invités ; « Un violon traversait / Un pays de cristal / Au dessus de la neige / Et des peurs orphelines / Puis s'en allait glisser / Sur la page des nuits / Sans rebonds / Sans un bruit / Sans se désaccorder... » écrit-elle dans la SUITE N.9
Pour mieux illustrer mon propos, je tiens à prendre un exemple qui m'a particulièrement touché : il s'agit de REGARD VIF -SUITE N.11 ( Texte de Robin Grenier- 16 ans)….
Louis DELORME
De : Claude luezior <cluezior@yahoo.fr>
Date : 1 mars 2018 à 12:40
Objet : Re: Fwd: suites aquatiques JCG Site
À : jeanne grenier <jeanne.champel.grenier@gmail.com>
Concernant vos Suites aquatiques, ma chère Jeanne : j'AIME !
Délicatesse, adéquation textes-tableaux, belle unité, atmosphère de rêve, heureuse mise en pages d'Anne, émotions, subtilité... C'est une REUSSITE !!!
BRAVISSIMO et bon vent !
Je vous embrasse,
DESSI...
De : Louis DELORME <brontosaure@orange.fr>
Date : 20 février 2018 à 09:18
Objet : suites aquatiques
À : jeanne grenier <jeanne.champel.grenier@gmail.com>
Chère jeanne,
Tout est vraiment très beau, cette symphonie de bleu comme dans l'Oiseau intime mais aussi les tons de feu comme dans A Jean-Sébastien Bach, Aqua Alta. On est vraiment dans le rêve : je pense à Odilon Redon et à Gustave Moreau. (Surtout le N° 38) Les visiteurs vont se régaler.
... En taille réelle on doit être émerveillé. Je vous embrasse.
De : Claude luezior <cluezior@yahoo.fr>
Date : 27 février 2018 à 05 :33
Objet : suites aquatiques version papier
À : jeanne grenier <jeanne.champel.grenier@gmail.com>
Chère Jeanne,
Prenant formes et couleurs, jaillit le rêve.
Fervente et douce, à l'extrême source de la création, les lèvres se joignent au geste.
Belle fluidité : aquarelles d'eau pure.
Le verbe, goutte à goutte, se dilue dans des suites aquatiques.
Quelque part dans l'azur, prie un arc-en-ciel.
Luezior
Le 20 février 2018 à 07:51, Michelle Grenier <grimelle@orange.fr> a écrit :
Merci pour ton travail magnifique. Ce serait bien de l’exposer à Vals Les Bains, dans les endroits de cure thermale.
Dommage que la plupart des photos soient présentées de travers, bonjour le torticolis.
Les vers 24 et 25 de Que la nuit reste bleue ne sont pas bien alignés. Il est écrit ton âme éprise au lieu de ton âme grise.
Ma peinture préférée est la numéro 24 avec le poème de Michel Lagrange Jean Sébastien Bach. Que de beauté !
En pièce jointe, je t'envoie que la nuit reste bleue.
Michelle la pointilleuse.
Le 20 février 2018 à 06 :15, Claude luezior <cluezior@yahoo.fr> a écrit :
Beau projet, chère Jeanne : j'aime bien vos aquarelles qui sont à la fois diverses et qui ont un fil conducteur. Intervenants de qualité.
Belles muses à vous !
Je vous embrasse bien fort,
Dessi
De : Leafar Izen <leafar.izen@gmail.com>
Date : 15 février 2018 à 09:10
Objet : Re: Suite Aquatique
À : jeanne grenier <jeanne.champel.grenier@gmail.com>
C’est superbe. J’aime beaucoup tous les textes.
C’est dans la veine des "immunisations", rimbaldien, et plein d'une aspiration vers le haut.
C’est un peu la veine dans laquelle j'ai écrit ces temps-ci.
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